Sur la place du Château, le bistrot qui ouvre le plus tard de la ville va tirer sa révérence après treize années d'activité.
Fête d'adieu
Jeudi 21 août, de midi à 21h, le César invite ses fidèles clients à une dernière verrée (happy hour) avant la fermeture à la fin du mois.
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Une mauvaise et une bonne nouvelle. La mauvaise, c'est que le César, vénérable bistrot de village en pleine ville de Nyon, fermera boutique à la fin du mois d'août. La bonne, c'est que le lieu ne sera repris ni par un opticien ni par une agence immobilière, mais bel et bien par un autre débit de boisson. C'est en 1982 que le César prend place à l'endroit de l'ancien Forum, lui aussi bar. Deux tenanciers plus tard, c'est Caroline Bürki qui reprend les rênes de l'établissement, en 2001. Une première année d'activité marquée par de régulières fêtes à thème, avant que le César ne trouve son rythme de croisière, gardant une spécificité: il est le bistrot qui reste ouvert, jusqu'à 2 heures du matin, quand tous les autres ont fermé. "Bien sûr, on sait qu'une bonne partie de notre clientèle vient ici par défaut, parce que nous sommes les seuls ouverts, mais c'est pas grave, il en faut pour tous les goûts" , explique Caroline Bürki.
En outre, résumer le César à un simple horaire prolongé serait réducteur puisque l'endroit est aussi le "stamm" des politiciens de Nyon. Après chaque séance du Conseil communal, après chaque séance de commission, c'est ici que les adversaires politiques viennent refaire le match, en toute camaraderie. C'est aussi au César que l'on croise quelques figures importantes de Nyon, semblant parfois sortir d'un autre temps, de celui où Nyon se contemplait un peu moins dans le miroir.
Mais de petits soucis et incompréhensions entre la Ville et l'établissement sont intervenus. L'an dernier, la tenancière se voyait signifier qu'il lui faudrait désormais payer ses horaires élargis après minuit. Une somme que cette dernière estime alors à quelque 12 000 francs par année. Les affaires n'étant pas au mieux, Caroline Bürki décide de renoncer à ouvrir jusqu'à 2 heures du matin. Après six mois d'activité réduite, le constat est terrible: le chiffre d'affaires a grandement baissé. Dès lors, elle retourne voir la police du commerce, pour élargir à nouveau ses horaires. A ce moment, il lui est signifié qu'elle devra parallèlement s'astreindre à payer l'équivalent de cinq années d'impayés. Stupeur. La somme, plus de 50 000 francs en taxes, est rédhibitoire: le César n'a pas les reins assez solides. Une mauvaise nouvelle qui place la tenancière au pied du mur: "Au début, j'ai vraiment eu de la peine à l'accepter. J'ai eu l'impression que la Ville voulait nous mettre dehors, parce que, sur la place du Château, nous n'étions pas assez beaux pour eux, un peu trop "prolos". Maintenant, je les remercie: c'est l'occasion pour moi de commencer une nouvelle vie. Sans regret." Ironie de l'affaire: même les politiciens se sont plaints, à son oreille, de ne plus voir les ouvertures de son établissement prolongées.
Procédure en cours
A la Ville, on choisit de ne pas commenter l'affaire pendant que la procédure est en cours: "Il y a un désaccord entre la gérance du César et la Ville de Nyon. Nous avons fait tout ce que l'on a pu pour que la facture finale soit raisonnable. Nous ne pouvons pas en dire plus tant que rien n'est réglé" , commente la municipale de Police Elisabeth Ruey-Ray.
Mais le César, dont on ne sait s'il conservera son nom, devrait passer, dans les jours qui viennent, dans les mains de Greg Kuster, propriétaire de trois établissements festifs reconnus: le Fishermen's Pub et l'After à Nyon; et le Bull's Pub de Gland. "Il est un peu tôt pour décrire le projet car toutes les formalités ne sont pas signées. Mais oui, il s'agira d'un bar" , explique le futur exploitant.
RODOLPHE HAENER