Eric Ceccarini expose sa série "Painters" à Morges.
Eric Ceccarini
Midnight Sun Gallery, Rue Louis de Savoie 80, Morges.
Jusqu'au 31 mai, ma au ve, 14 à 18h, sa 11 à 18h. Infos: 021 803 59 23
www.midnightsungallery.ch
info@lacote.ch
Depuis hier, la Midnight Sun Gallery, à Morges, reçoit le photographe Eric Ceccarini et l'artiste peintre Jacques Verdier. Lors du vernissage, une performance artistique inhabituelle a eu lieu avec un "shooting", par Eric Ceccarini, ayant comme thème un corps féminin peint par l'artiste plasticien Jacques Verdier, ayant fait ses études à la Sorbonne. Ce dernier se consacre désormais à la peinture.
Au terme du vernissage, une image a été choisie pour venir agrémenter la collection "Painters", exposée jusqu'à la fin mai. A 48 ans, le photographe a atteint l'âge de raison et est entré dans une démarche artistique audacieuse. Diplômé de l'école de photographie INFAC, à Bruxelles, en 1987, Eric Ceccarini a travaillé pour des marques prestigieuses, dans la mode ou l'alimentation, avant de se tourner vers la photographie artistique.
Disparition du polaroïd
S'il a entamé un virage dans sa carrière il y a quelques années, c'est suite à la disparition du polaroïd, cet appareil de photo au développement instantané. "Cela a été un authentique choc culturel, confie l'intéressé. C'est un événement qui a résonné comme la fin d'une époque et la fin d'une certaine façon de travailler." Avec l'arrivée du numérique sur le marché, la donne a radicalement changé pour lui aussi. Un peu comme s'il avait dû se réapproprier son métier. "Je suis très attaché aux anciennes techniques, je déteste le numérique qui, pour moi, n'offre absolument aucune profondeur dans la composition des images. Je trouve d'ailleurs que ce travail de post-production rendu possible grâce à des logiciels tels que Photoshop est terriblement ennuyeux, pauvre artistiquement, mais surtout dangereux! Puisqu'il permet désormais de manipuler les images..."
Violence des images
Mais surtout, c'est la violence des photos que l'on retrouve placardées sur les murs de nos villes, ou dans les pages des magazines, qui ont servi de déclencheur à sa démarche artistique. "La brutalité des images émanant de la publicité me gêne terriblement, spécialement en Belgique et en France, où le corps de la femme est exposé et exploité sans aucune délicatesse. Je suis très attaché à une projection féminine plus soft, j'aime relever la beauté primaire et authentiquement naturelle de la femme."
Cette approche veloutée et picturale, on la retrouve dans la collection "Painters" qui explore une communion éphémère entre deux visions artistiques: la peinture et la photographie. "J'ai une affection profonde pour la peinture et particulièrement l'art figuratif classique, d'où ma démarche avec le peintre Jacques Verdier" , explique Eric Ceccarini. Un trait exprimé également dans la collection "Amnios", qui montre des portraits féminins floutés, semblables à du David Hamilton soutenu ou encore la série "Trees", où il suggère des photographies d'arbres comme autant d'exaltations des corps féminins.
Cette orientation harmonieuse a retenu l'attention de Cindy Wyss, jeune galeriste copropriétaire de la Midnight Sun Gallery. A 30 ans, cette historienne de l'art a été particulièrement sensible au travail d'Eric Ceccarini. "Ce qui me plaît beaucoup, c'est cette utilisation de modèles sans maquillage, où le grain de peau est quasiment visible à l'oeil nu. Cette démarche possède une profonde texture et est extrêmement picturale." Un travail aux qualités artistiques indiscutables .