Quantcast
Channel: La Côte - News - Régions
Viewing all articles
Browse latest Browse all 8296

Onusiens face à la justice

$
0
0

Alors installé en Terre Sainte, un couple de hauts fonctionnaires comparaît pour avoir exploité son employée.

info@lacote.ch

Jeudi, M. et Mme Trimmel*, tous deux hauts fonctionnaires internationaux à la retraite, étaient convoqués au Tribunal correctionnel de La Côte, à Nyon. Ils devaient répondre d'usure envers Malouma*, leur ex-employée de maison. Selon l'accusation, les Trimmel auraient profité de la gêne financière et de la faiblesse de jugement de leur subalterne pour l'exploiter et lui remettre un salaire disproportionné par rapport aux prestations ménagères fournies. Elle recevait en effet quelque 1500 francs par mois pour 50 heures par semaine.

Mais dans la salle d'audience, face au couple d'accusés, Malouma manque à l'appel. Suite à une procédure civile qui lui a permis de récupérer 103 000 francs lors d'un arrangement conclu avec ses anciens employeurs, elle a retiré sa plainte. L'usure est cependant poursuivie d'office.

Un contrat établi sous l'oeil des Nations unies

L'histoire débute dans les années 1990. Le couple habite une villa à Crans-près-Céligny. Elle est d'origine marocaine, lui est ressortissant d'Autriche. Le couple travaille aux Nations unies, et gagne un revenu mensuel avoisinant les 25 000 francs. Madame tombe enceinte et rapidement émerge la question de la garde de l'enfant. A cette période, Monsieur stoppe sa propre activité professionnelle. Ils décident d'engager une employée de maison. L'idée est qu'elle prenne en charge les tâches ménagères et les repas, et soutienne le "père au foyer" dans les tâches éducatives. Leur choix se dirige vers Malouma, une quadragénaire également d'origine marocaine, et déjà riche d'une bonne expérience d'employée de maison.

Soucieuse de réaliser cet engagement dans les règles, Mme Trimmel contacte le service social des Nations unies. Celui-ci la guide sur l'ensemble de la procédure, tant auprès des autorités de Berne pour l'obtention d'un visa, que dans l'établissement du contrat de travail de Malouma. C'est selon les barèmes des Nations unies que le salaire mensuel est fixé à 1527 francs, logement et nourriture compris. " Au Maroc, une employée de maison gagne à peu près l'équivalent de 200 francs par mois" , relève la prévenue.

"Elle faisait quasiment partie de la famille"

En 1996, Malouma entre au service de la famille. Elle y reste huit ans et, selon le couple, " était bien traitée, pas surmenée. Elle ne se plaignait jamais." Une amie de Madame, appelée à la barre, témoigne "qu'elle faisait quasiment partie de la famille ". Selon les accusés, elle bénéficiait de sa propre chambre dans la maison familiale avec salle de bain privative, partait en vacances et en week-end avec eux si elle le désirait et pouvait organiser son temps libre à sa guise.

A la stupeur des Trimmel, l'affaire se corse en août 2011, lorsque Malouma dépose plainte. " Elle était en situation de faiblesse. Elle n'avait pas d'autre choix que d'accepter les conditions de travail imposées par ses employeurs ", a plaidé le procureur Xavier Christe. Il a notamment insisté sur les maigres connaissances en français de Malouma. " C'est trop facile de sous-payer quelqu'un pendant des années et rendre ce dû quand on se sent acculé ", s'est-il exclamé, en faisant référence à la somme déjà versée par les accusés.

" C'est une affaire montée en épingle , a rétorqué Me Christophe Wilhelm, avocat de Mme Trimmel. Je vais utiliser cette épingle pour dégonfler la baudruche dont use le Ministère public. " Il dénonce notamment la manipulation qui serait exercée par certaines personnes gravitant autour de la Genève internationale. " Il y a aussi du personnel diplomatique qui agit correctement ", a-t-il défendu.

Le Parquet a requis 360 jours amende à 200 francs par jour avec sursis pour Madame, et 150 jours amende à 200 francs par jour avec sursis pour Monsieur. Au titre de sanction immédiate, il souhaite infliger respectivement 4000 et 2000 francs d'amende. Verdict mardi.

*Noms d'emprunt.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 8296


<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>