Le projet EolJorat Sud est soumis à consultation publique jusqu'au 19 décembre. Cette installation devrait permettre de produire l'énergie pour quelque 22 000 habitants.
Les bois du Jorat, fierté forestière de la capitale vaudoise. Aux portes de Lausanne, dès la station terminus du métro M2, randonneurs, champignonneurs, promeneurs du dimanche et cyclistes peuvent s'élancer dans le plus grand massif forestier continu du plateau suisse. Longer les cours du Flon et du Talent, parcourir le "Chemin des Fontaines", visiter l'Abbaye cistercienne de Montheron sont quelques-uns des buts de promenade. Lausanne, avec 1350 hectares, est le plus gros propriétaire des bois du Jorat. Ils voient passer 1,5 million de personnes par an. "Une véritable cour de récréation pour les communes avoisinantes", se réjouit la ville sur son site internet. Lausanne et les communes voisines espèrent décrocher le label fédéral de Parc naturel périurbain, comme le Wildnispark de Zurich.
Un dixième de la consommation lausannoise
Tout cela est compatible avec le projet d'y ériger huit éoliennes de 200 mètres, dont l'enquête publique s'ouvre demain. Lausanne ambitionne de couvrir un dixième des besoins électriques de la ville avec le parc EolJorat Sud. Municipal des services industriels, Jean-Yves Pidoux aligne les pourcentages pour en montrer l'importance: la production des huit éoliennes (80 GWh/an) représenterait 19% d'augmentation de la production lausannoise, 8% de l'objectif fixé par le plan directeur cantonal, 1,9% de l'objectif 2050 de la Confédération pour l'éolien ou encore 2,7% de la production de Mühleberg.
EolJorat Sud va "modifier la perception traditionnelle du Jorat", écrit l'Exécutif. L'électricité propre va donc passer à l'arrière-plan: "L'aspect important du projet, c'est la question de l'impact sur le paysage , explique Jean-Yves Pidoux, directeur des Services industriels. Cet impact est raisonnable, il est partout et nulle part. Il nous semble minimisé par l'aspect vallonné de l'ensemble du site. Mais, par rapport au patrimoine bâti, l'impact le plus sensible est sur l'Abbaye de Montheron." À l'inverse, l'impact paysager depuis la route de Berne peut aussi être considéré comme positif, à entendre Olivier Français, municipal des travaux: "C'est aussi une volonté politique de marquer que Lausanne s'engage en faveur de cette énergie." En cas d'alerte, les éoliennes seront d'ailleurs arrêtées lors des périodes migratoires des volatiles: il est prévu de rechercher des cadavres d'oiseaux tous les deux jours. Un rapace - ou un oiseau d'une espèce menacée - mort par an est considéré comme un seuil acceptable. Les mats d'éoliennes seront aussi équipés de détecteurs de chauve-souris pour affiner leur protection. La perte de productivité des éoliennes peut aller jusqu'à 3% pour les protéger.
Mesures de compensation
A l'exception d'une ferme isolée et du refuge Ste-Catherine de la SPA, aucune habitation n'est à moins de 750 mètres des éoliennes. Pour quelques habitations, pourtant, les limites autorisées de durée des ombres clignotantes pourraient être dépassées: dans ce cas, des capteurs d'ensoleillement provoqueraient l'arrêt de l'éolienne, pour une perte de productivité allant jusqu'à 1,2 pour mille. Pour prévenir les oppositions des associations et des riverains, les mesures de compensation sont variées. Elles vont de l'enfouissement de lignes électriques à la création d'un fond archéologique pour l'Abbaye de Montheron. Des nichoirs à faucon crécerelle à la renaturation d'un ruisseau, en passant par une participation financière sur vingt ans à des projets du Parc naturel périurbain.
Après l'adoption du projet par le législatif lausannois, c'est en janvier 2015 que le canton donnerait son feu vert à EolJorat Sud. Référendum et recours seront alors possibles. EolJorat Nord, porté par Alpiq, prévoit quant à lui quatre éoliennes sur les communes de Poliez-Pittet, Corcelles-le-Jorat, Froideville et Jorat-Menthue. Cet été, à cause d'un sondage négatif de la population, Jorat-Menthue a renoncé à l'éolienne prévue dans le village de Peney-le-Jorat, tout en maintenant celle de Villars-Tiercelin.