Une réalisation du XXI e siècle.
"Oui, si l'utopie, c'est de viser un monde meilleur!" . L'architecte Vincent Mangeat peine à définir la Maison de l'écriture (photo), dont il a conçu le projet, comme une utopie. Cette maison, pensée comme une cité, comme une ville, en porte cependant tous les éléments: projet social et littéraire qui se construit comme un récit légendaire. "Au Mottâ, à Montricher, on avait bâti une colonie de vacances. Deux bâtiments, l'abri des colons et la chapelle, formaient un ensemble. Ce qui les reliait, l'espace interstitiel de l'entre-deux, recelait une forme d'urbanité qui marque le projet" .
Bois Désert
Et l'architecte de Nyon de s'émerveiller: "Le lieu-dit se nomme Bois Désert, je n'invente rien!" . Le bois comme société d'arbres, le désert comme lieu écarté; de la sombre forêt du Jura, où le penseur travaille dans l'introspection, vers la lumière du Bassin lémanique, où il s'exprime par l'écriture. Le professeur honoraire de l'EPFL rappelle ce qui fait une maison: "Habiter, c'est se protéger dans une tanière pour entretenir la vie sous ses formes les plus essentielles: se nourrir, dormir et parler, donc échanger" .
Habitations, bibliothèques, scriptorium, salles de conférence, salle d'exposition, auditoire, salles de réunion... toutes ces parties d'habitation, il les a voulues sous une canopée, cette immense couche végétale formée par les frondaisons de la partie supérieure des arbres d'une forêt. "Ces diverses constructions, je les ai tenues ensemble sous une couverture ajourée et tissée. J'ai inscrit une sorte de papier à musique, la trame et la chaîne d'une toile où se concentrent et se condensent les décisions fondamentales" .
Et sur quelques-uns des 124 troncs de la canopée s'accrocheront des cabanes, histoire " d'habiter dans un espace d'écriture et non d'écrire dans un lieu d'habitation" , utopie d'un "idéal climat d'écriture" .