Les spécialistes délaissent les hôpitaux, la situation est préoccupante. Le Canton prend des mesures. Les médecins installés devront assurer des gardes.
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En décembre 2011, le Ghol (Groupement hospitalier de l'Ouest lémanique) mettait au concours deux postes de médecins-chefs de service pour la pédiatrie suite au départ de deux médecins-cheffes sur les trois postes existants. Un des postes n'a pu être repourvu qu'un an après, quant au second il devrait finalement l'être pour le début de l'an prochain. Cette recherche de cadres hospitaliers, qui touche aussi les chefs de clinique, n'est pas un cas isolé. Les deux médecins-chefs en place, les docteurs Andrès Pascual et Sandrine Coeytaux portent, avec leur équipe, le service à bout de bras. Les journées n'en finissent plus, elles tournent autour de quatorze heures par jour, sans compter des gardes la nuit et les week-ends très rapprochées. Seule la passion pour le métier permet à ces spécialistes d'aller de l'avant.
Tant dans le canton de Vaud que dans le reste du pays, une pénurie de pédiatres hospitaliers est constatée. Cet état de fait n'est pas rassurant pour la qualité de la santé dans notre pays.
Pas de pédiatre, pas d'accouchement
A Yverdon en particulier, la situation était très inquiétante avant l'été, car un des trois cadres est tombé malade. Les deux restants n'arrivaient plus à suivre en raison de la lourdeur du travail. Alerté, le Canton a essayé d'alléger le service, mais la réaction des obstétriciens ne s'est pas faite attendre. Sans pédiatre, ils ne pouvaient plus assurer les accouchements. Une solution a été trouvée avec le CHUV, un pédiatre a été dépêché trois jours par semaine dans le Nord vaudois, mais cette solution n'est pas viable.
L'Ensemble hospitalier de La Côte, à Morges, ne connaît pas cette problématique, relève la direction générale. "Notre institution a la chance d'avoir un service de pédiatrie stable avec deux médecins-chefs en fonction depuis plus de dix ans. Le service de pédiatrie de l'Hôpital de Morges est reconnu par le service de néonatologie du CHUV avec lequel nous collaborons régulièrement. A ce stade, nous n'avons pas connu de problème de recrutement de médecins cadres."
Pour quelles raisons les jeunes générations de pédiatres délaissent-elles les hôpitaux? Une des principales raisons consiste dans le fait que moins de médecins sont formés et trop peu sont intéressés par la pédiatrie. La charge de travail en milieu hospitalier est également un facteur déterminant. De surcroît, selon le système de tarification en Suisse, les pédiatres sont nettement moins bien rémunérés que les autres spécialistes,
" Le problème n'est pas spécifique à Nyon, explique Daniel Walch, directeur du Ghol, mais il est général et touche également les postes de chef de clinique. La situation est critique en permanence."
Si ce dernier se dit rassuré à court terme, il est inquiet en revanche à long terme. En raison du manque de professionnels seniors, il est convaincu que d'ici une dizaine d'années il n'y aura dans le canton plus que cinq ou six services de pédiatrie, la plupart des cliniques ayant abandonné la pédiatrie, ceci afin de recentrer les compétences.
"Ainsi seulement nous pourrons offrir une prise en charge de qualité 24h/24 à la popula tion", conclut-il.