"La léproserie - 2/3"
On a fini par trouver la léproserie. Aux gens agglutinés dans l'attente, on s'associe. Pas de lépreux en vue. Ni de scène non plus. Quelques marches en guise de gradins. On cherche nos marques, nos repères, prompts à s'enfermer dans un cadre familier, en quête d'un univers aux codes connus et convenus. Mais le cadre se dérobe, nous laissant dans l'expectative.
Soudain, ils se couchent, couchant par leur position un long silence sur la partition de leur performance. Leur lenteur induit l'espace scénique, amorce un enchaînement. Le geste devient porteur d'un sens qui pour l'instant nous échappe. On entre dans une autre attente qui n'est plus celle du commencement, mais celle de l'événement. L'événement prend son temps, l'événement se fait désirer. On entre dans ce rythme, on s'invite dans l'action.
Un espace s'esquisse. Ils se déplacent, grimpent, s'agrippent, jouent de notre peur du vide. Ballet minutieux dont chaque geste est compté. On les suit des yeux, on cherche à deviner, on tente d'anticiper. L'intention se dérobe, le ruban adhère. Aux murs, aux volets, au toit, par terre. Ils s'appliquent à l'appliquer selon des règles très précises, avec leur corps pour seul jalon : sa longueur, sa largeur, son épaisseur, des pieds, des mains : tout leur sert d'étalon.
On s'interroge, on s'ennuie un brin, on trouve un autre angle d'observation. Le cadre se forme au ralenti. Par bribes et pointillés. À coups de trois bandes parallèles. Pour l'épaisseur. La profondeur, on la trouve ailleurs. Elle nous saute contre dans la dernière ligne droite. Une révélation en deux dimensions dans un décor tout de reliefs. Des lignes qui s'assemblent et se dissemblent selon le point de vue.
Ils s'arrêtent, ils saluent. On comprend, on applaudit. Le losange s'ouvre et se referme au gré de nos envies, tantôt aligné, tantôt décalé. SABINE DORMOND
Chaque jour, "La Côte" publie un texte produit par les participants de l'atelier d'écriture du Far, en écho aux spectacles vus. Aujourd'hui, un texte qui revient sur la performance de Bastien Gachet et Gregory Stauffer.
Atelier d'écriture
Tous les jours, jusqu'au 17 août
De 11h à 13h et de 14h à 17h
Ouvert à tous. Participation à la carte.
Inscriptions: 022 365 15 50