La séance du Conseil général a eu lieu en présence d'un médiateur.
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Une salle comble, onze nouveaux conseillers assermentés, la soirée de lundi promettait de se dérouler sous haute tension et ce d'autant que le rapport de la commission de gestion (Cogest) sur la gestion et les comptes 2013 était accablant envers l'Exécutif. En outre, les diverses commissions proposaient une multitude d'amendements aux préavis municipaux à valider ce soir-là, sans compter les propositions de refus ou de report de certains d'entre eux.
Mais la présence d'un médiateur, désigné par les deux parties pour cette séance sur les comptes, a très probablement contribué à apaiser les tensions récurrentes entre l'Exécutif et certains membres du Conseil général. Les échanges d'(im)politesses habituels n'ont pas fleuri comme de coutume, à l'exception d'une pique lancée par Jean Lauber, président de la Cogest, à Denis-Eric Scherz, laissant entendre que le syndic était incompétent dans la gestion des finances communales.
La bonhomie à la Vaudoise, le franc-parler, le bon sens terrien et les rappels de la loi de la part d'Albert Banderet auront certainement contribué à rendre les débats plus sereins. Préfet honoraire du district Jura-Nord vaudois, longtemps syndic de Champagne, l'ancien lieutenant de l'Etat n'a pas hésité à intervenir lorsque les esprits ont commencé à s'échauffer au sujet des comptes.
La Cogest a produit un rapport de cinq pages accablant et a prié la préfète du district de Morges et le préfet honoraire de prendre position sur "la gravité des violations des lois" . "Nous allons répondre par écrit à ses membres", a informé Albert Banderet.
"Libertés avec les règles"
La Cogest a conclu qu '"étant donné les multiples violations de la loi sur les communes, de notre règlement et les erreurs graves dans la gestion, la Commission de gestion ne peut évidemment pas recommander au Conseil de donner décharge à la Municipalité" . Et la Cogest de souligner encore: "Les comptes sont tenus correctement. Ils reflètent la vérité dans la mesure où ils démontrent correctement les conséquences néfastes de la mauvaise politique financière de la Municipalité: le capital de la commune est négatif, en deux ans, et une grande partie des liquidités accumulées depuis des années a été dilapidée."
"Vous vous faites du souci vis-à-vis des finances communales, mais il n'y a pas péril en la demeure" , a lancé le préfet honoraire. La commune ayant notamment 1,3 million de liquidités, sans compter les impôts à encaisser. "Les municipaux ne sont pas des bandits. Il y a un certain amateurisme dans la prise en compte de la gestion mais vous n'avez pas de souci à vous faire financièrement", a ajouté le médiateur. Le Champagnoux a toutefois suggéré qu'un municipal pourrait prendre en charge les finances, "le syndic ayant reconnu que ce n'était pas sa tasse de thé."
Action ponctuelle
Le préfet honoraire a toutefois remarqué que la Municipalité avait "pris quelques libertés avec les règles", à l'image des comptes rendus trop tard, de l'oubli de faire voter l'autorisation de plaider, alors que l'Exécutif a saisi le Tribunal cantonal, outrepassant ainsi ses compétences, ou encore de la gestion de certains dossiers: "La Municipalité aurait dû faire amende honorable au sujet de la gestion du dossier de la rénovation de la Petite école: elle a failli dans l'information et aurait dû venir devant le Conseil avec un crédit complémentaire pour expliquer et justifier le dépassement de crédit."
Après quatre heures de débats, le préfet honoraire a clos la séance en faisant part d'un certain soulagement, tout en exhortant la Municipalité et le Conseil à travailler de façon concertée. "Je vous félicite pour cet exercice démocratique intense. Vous avez donné aux débats une bonne tenue, les discussions étaient franches. Je tiens à souligner la qualité des rapports des commissions et le fait que la présidence a été bien assumée. La commune était à deux doigts de la mise sous régie, a-t-il souligné. Mais la Municipalité a déclaré, ce soir, qu'elle s'engageait à améliorer les choses et le Conseil a le devoir de la soutenir dans cette tâche."
Faisant allusion à un titre récemment paru dans "24Heures", Albert Banderet a conclu, en aparté: " Si la hache de guerre n'est pas encore enterrée, Exécutif et Conseil ont déjà cassé le manche!" Une confiance en l'avenir que le préfet honoraire motive également par les changements intervenus au sein du bureau et des commissions.
Son action était prévue pour être ponctuelle, Albert Banderet espère n'avoir pas à revenir à Allaman.
JOCELYNE LAURENT