Sauver Lavaux III: le contre-projet l'emporte face au texte de Franz Weber.
La troisième initiative de Franz Weber pour sauver Lavaux a été celle de trop: seuls 28,6% des Vaudois l'ont soutenue dimanche. Le contre-projet du Conseil d'Etat a en revanche été approuvé par 68,5% des votants.
Soutenu par la grande majorité des partis et par les vignerons de Lavaux, le texte du Conseil d'Etat a facilement pris le dessus sur le plan de protection strict proposé par Franz Weber et ses partisans. En donnant leur préférence au contre-projet à pas loin de 70%, les Vaudois n'ont pas voulu de cette mise sous cloche de Lavaux et de ses 14 000 habitants.
Pour lutter contre les bétonneurs et la pression immobilière, "Sauver Lavaux III" prévoyait en effet l'interdiction presque totale de toute nouvelle construction dans le secteur placé sur la liste du patrimoine protégé de l'UNESCO depuis 2007.
Résultat net
Le résultat est clair, malgré une campagne qui laissait présager des incertitudes, a relevé le président du Conseil d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard. Les habitants de Lavaux ont été considérés comme des citoyens à part entière, ayant droit à leur autodétermination, s'est-il réjoui.
"On nous a reproché d'avoir pris du temps. Mais à chaque fois que le gouvernement arrive avec un projet équilibré, il gagne" , a-t-il remarqué. Lavaux est déjà sous protection, mais celle-ci va se renforcer, a ajouté Jacqueline de Quattro, cheffe du Département du territoire et de l'environnement. La zone à bâtir disponible, de 40 hectares, sera encore réduite de moitié, à 20 hectares. Au moins la région peut continuer à vivre et à se développer.
Concertation saluée
Lavaux demeurera un site protégé, mais vivant, a réagi pour sa part la cheffe du Département des institutions et de la sécurité, Béatrice Métraux. L'écologiste a salué le travail de concertation qui a uni le gouvernement, le Grand Conseil et les acteurs concernés autour de ce projet.
Les zones intermédiaires (6,5 hectares) seront définitivement inconstructibles et les zones viticoles et agricoles placées dans un Plan d'affectation cantonal qui sera soumis au Grand Conseil. Des infrastructures pourront être construites, comme des hôpitaux, écoles et garderies. En parallèle, une marge de manoeuvre est laissée aux communes. Elles auront entre trois et cinq ans pour faire leur plan général d'affectation, a-t-elle précisé.
"Ouf" des vignerons
Les vignerons ont poussé un énorme "ouf" de soulagement, a rapporté le chef du Département de l'économie Philippe Leuba. La commune de Rivaz a par exemple accepté le contre-projet à 86%, et son taux de participation était de 92,2%, a-t-il souligné. Ce résultat illustre l'engagement de la viticulture, d'abord réticente, en faveur du contre-projet.
Il n'est pas une commune, pas un district qui n'ait refusé l'initiative, a-t-il poursuivi. A la question subsidiaire qui demandait lequel des deux textes serait préféré en cas de double oui, les Vaudois ont largement confirmé leur préférence pour le contre-projet, a noté M. Leuba.
Ils l'ont soutenu par 70,7% des voix contre 23,6% pour l'initiative. Le taux de participation de 56,8% est d'ailleurs élevé, a-t-il estimé.
"C'est déjà çà..."
"Sans l'initiative, il n'y aurait pas eu de contre-projet. Le peuple a opté pour la protection de Lavaux. C'est déjà ça" , a réagi Franz Weber.
L'écologiste montreusien, "père" de la protection de Lavaux, a tenté de faire bonne figure après l'échec sans appel de sa troisième initiative pour la protection de l'emblématique vignoble vaudois. Les Vaudois ont choisi ce qu'on leur a présenté comme étant un compromis, a estimé Franz Weber, qui, à bientôt 87 ans, est resté en retrait durant une campagne animée.
Ses partisans ont adopté une posture plus combative. Déçue, Suzanne Debluë, secrétaire de l'association "Sauver Lavaux", estime que le contre-projet n'apporte "rien: c'est une coquille vide" . Les membres du comité d'initiative craignent que certains abus ne continuent, car les communes conservent la gestion de leurs zones à bâtir. Pour beaucoup, la relative absence de Franz Weber a pesé sur le scrutin. ATS