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A tombeau ouvert vers l'Allemagne

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Le Tribunal a entendu hier deux Lituaniens extradés d'Allemagne, auteurs présumés du cambriolage d'un restaurant à Aubonne, accusés aussi de délit de chauffards. Ils nient en partie.

suter@lacote.ch

Ils devaient être trois prévenus, ils n'étaient que deux, car l'un d'entre eux, relâché au terme de 42 jours de préventive, ne s'est pas présenté hier devant la Cour correctionnelle de La Côte, à Nyon. Les trois, des Lituaniens âgés d'une vingtaine d'années, ont volé un véhicule et cambriolé un restaurant. En fuyant, ils ont commis de multiples excès de vitesse.

Installés à Ferney (F), ils sont venus visiter Genève. La justice les soupçonne d'avoir perpétré un cambriolage au restaurant de l'Esplanade à Aubonne, dans la nuit du 30 au 31 juillet 2013. L'emploi du conditionnel est ici de rigueur car, outre le fait que les deux accusés nient avoir commis ce vol avec effraction, les déclarations de la propriétaire du restaurant ne correspondent pas aux faits tels que les deux malfrats les auraient commis.

Un doute sur leur présence

Pour la patronne de l'établissement, il est probable que le ou les auteurs se sont faits enfermer dans le restaurant afin de perpétrer leur méfait, car aucune trace d'effraction n'a été relevée. Selon l'emploi du temps des accusés, cela ne semble pas possible. Par ailleurs, les traces de pas retrouvées sur place ne correspondent pas à eux non plus. La Cour tranchera. Mais il est à noter que les inspecteurs suisses, s'ils ont obtenu l'extradition des deux prévenus dans des délais très courts, n'ont jamais réussi à avoir copie des auditions effectuées par leurs collègues allemands. En tous les cas, ceux-ci n'ont pas retrouvé trace d'argent ou de coffre-fort au moment de l'interpellation des malfrats.

Cette histoire débute le 30 juillet au soir. Les trois hommes ont bu plus que de raison. Ils sont venus d'Angleterre pour visiter Genève, mais logent dans un petit hôtel à Ferney. Leur voiture, une vieille guimbarde, a un pneu qui est sur le point d'exploser. Ils se rendent donc à Aubonne où l'un d'entre eux a travaillé quelques années auparavant, afin de dégoter une voiture du même modèle que la leur pour lui prendre une roue.

Ils s'emparent d'une VW

Arrivés sur place, stationnés sur le parking de l'Esplanade, ils aperçoivent une Mercedes et une VW Touareg parquées dans une propriété privée à un jet de pierre de la place. Ils s'y rendent et... miracle! Non seulement la Mercedes n'est pas bien fermée, mais en plus, elle contient dans son vide-poches les clés de la VW! Ni une ni deux, les malfrats s'en emparent et retournent à Ferney récupérer leurs affaires personnelles avant de rejoindre le plus vite possible l'Allemagne, où l'un d'entre eux a trouvé du travail. C'est ainsi qu'ils se font flasher à plusieurs reprises sur l'autoroute, la première fois à Aubonne, à 168 km/heure, puis à Crassier à 114 km/heure. A la hauteur de l'aire de repos de Bavois, le chauffeur expédie une automobiliste dans le talus après l'avoir forcée à se rabattre alors qu'elle circulait sur la voie de dépassement. Par chance, la victime n'a pas été blessée au cours de l'accident qui a suivi. Les trois malfrats ne se sont pas inquiétés de cela et ont continué leur route à tombeau ouvert, se faisant flasher cette fois à 155 km/h dans un tunnel, à Fribourg. Le conducteur, qui conduisait à cheval sur les deux voies, a frôlé dangereusement la camionnette qu'il venait de doubler. Leur course s'est terminée en Allemagne, où un nouvel accident a permis aux limiers allemands de les arrêter, bien qu'ils aient pris la fuite à pied.

Pour le procureur, le déroulement des faits n'est pas tout à fait tel que les prévenus veulent le faire croire. Pour lui, il ne fait aucun doute qu'ils ont bel et bien cambriolé le restaurant de l'Esplanade. " Pour quelle autre raison se seraient-ils rendus jusqu'à Aubonne? ", lance-t-il. Il pense qu'après s'être emparé du coffre-fort, l'un des compères est rentré à Ferney avec la voiture, alors que ses complices le suivaient avec la voiture volée, afin de remettre le coffre à des complices chargés de l'ouvrir. Puis, ils ont pris la route.

L'argent s'est envolé

Quoi qu'il en soit, le coffre qui contenait quelque 4500 francs n'a jamais été retrouvé, l'argent et leur voiture non plus. Les prévenus prétendent ne pas se souvenir des détails de cette folle nuit, parce qu'ils avaient festoyé et bu plus que de raison.

Le procureur a requis des peines de 18 mois de prison contre les deux prévenus, le premier avec un sursis partiel de 9 mois pendant deux ans, le second avec une peine ferme en raison de ses antécédents. Contre ce dernier, il a demandé la révocation d'un sursis précédent de 15 mois de prison, une peine qui viendrait donc s'ajouter aux 18 mois requis. Enfin, il a refusé catégoriquement d'indemniser les deux hommes pour tort moral, comme le souhaitent leurs avocats. En effet, en raison du fait qu'ils ont été détenus à la Blécherette et à la gendarmerie de Bursins durant 20 jours "dans des conditions pas conformes aux Droits de l'homme" , prétendent leurs avocats, ils réclament 100 francs par jour d'incarcération au poste. Ils sont actuellement détenus à la prison de Bois-Mermet. Verdict vendredi.


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