Quantcast
Channel: La Côte - News - Régions
Viewing all articles
Browse latest Browse all 8296

La croissance a modelé les villes

$
0
0

L'arrivée de l'autoroute a fait exploser la démographie sur La Côte.

martine.rochat@lacote.ch

Quel a été l'impact sur le destin des villes de La Côte de l'ouverture au trafic, en avril 1964, du premier tronçon autoroutier du pays? La question mérite d'être posée, un demi-siècle plus tard, en premier lieu à Morges, où cet équipement est perçu, de manière récurrente, comme source de nuisances et de désagréments.

Municipal à la tête depuis 2000 du dicastère Aménagement du territoire et développement durable (ATD2), Yves Paccaud est catégorique: " L'influence est indéniable. Sur un plan positif, une autoroute exerce toujours une action stimulante sur la croissance et Morges ne fait pas exception. " Il cite, à ce titre, les cas de Bulle et Payerne, " deux petites localités de l'arrière-pays, qui ont bénéficié d'une formidable dynamisation. Dans notre région, Nyon et Gland ont vécu la même évolution. Ces mutations sont aussi à mettre au compte des pressions exercées par les agglomérations de Lausanne et Genève, se traduisant, entre autres, par un taux de pendularité entre Morges et Genève qui a explosé quatre fois en trente ans". Arrivé à l'âge de six ans, en 1963, à Morges, où il a, pour l'essentiel, vécu jusqu'à ce jour, ce membre de l'Exécutif, auteur d'un mémoire de licence en géographie, en 1996, analysant les interactions entre Morges et son environnement, a été témoin de l'adaptation à la modernité de la ville.

Pas forcément beau, mais efficace et rapide...

De fait, la petite cité déborde de son noyau originel dès la fin des années 1960 pour occuper des parcelles libres en périphérie, proches du ruban bétonné. Nyon passe par un processus analogue. Différence de taille toutefois: elle peut s'étaler sur 9km 2 contre moins de 4 pour La Coquette. En 1963, chacune accueille quelque 6000 habitants. Aujourd'hui, la première a dépassé les 20 000 âmes, alors que la seconde vient d'atteindre les 15 000. Les deux cités s'enrichissent de nouveaux quartiers. A Morges, dès les "sixties", la liste inclut les Rives-de-la-Morges, Pré-Maudry et Grosse-Pierre, ainsi que les Résidences de La Côte. La décennie d'après est marquée par l'érection des trois barres de douze étages de La Gracieuse. Idem à Nyon, avec les blocs et tours de La Levratte (1300 habitants) et les "gratte-ciels" des Tattes-d'Oie. " Si, actuellement, les projets de plans de quartiers sont souvent ralentis par la méticulosité de l'Etat, à l'époque, on a construit très vite pour faire face à l'urgent besoin de logements ", constate Yves Paccaud.

Vingt mille habitants pour Morges à l'horizon 2025

" Ces ensembles reflètent une vision identique de l'architecture. Abstraction faite de considérations esthétiques, elle est efficace et capable d'héberger de fortes concentrations humaines. Cette croissance transforme en profondeur le paysage de l'arc lémanique, qui se présente de plus en plus sous l'allure d'un cordon urbanisé quasi-ininterrompu." La tendance ne devrait pas être renversée dans un futur proche. Les autorités morgiennes tablent ainsi sur une projection à 18 000 habitants en 2020, voire 20 000 en 2025, en lien avec l'aménagement d'autres secteurs en attente (Morges-Gare-Sud, La Longeraie, Prairie-nord et Eglantine), sur des terrains vacants et par une densification au centre. "Ce chiffre ne pourra probablement pas être dépassé, vu l'exiguïté des surfaces disponibles. Le territoire communal est, en effet, déjà occupé aux trois-quarts." Y ves Paccaud souligne aussi " le caractère quasi-inévitable d'une révision à la hausse de l'indice d'utilisation du sol.... Quoi qu'il en soit, avec 20 000 personnes à Morges, on est loin des 60 000 êtres humains au km 2 de Calcutta!"

Et si l'autoroute n'avait pas coupé la ville en deux...

Négativement, la voie à grande circulation, qui scinde Morges, impacte gravement "sur la circulation à l'intérieur de celle-ci. Il n'y a que peu d'itinéraires possibles pour relier le nord de la commune, où vivent les deux tiers des habitants (10 000 personnes) à la zone sud (5000) et ceux-ci sont régulièrement engorgés. La situation aurait certainement été différente, avec plus de fluidité et de meilleures liaisons, si Morges avait bénéficié, à l'image de Nyon, d'un vrai contournement."

Au côté de la fiscalité, de l'aéroport international, et des Hautes écoles, l'autoroute est l'un des acteurs du développement économique, enfin. La zone industrielle et artisanale de Riond-Bosson, à cheval sur Morges et Tolochenaz, après des débuts modestes autour de 1970, fait le plein d'entreprises attirées par une position stratégique à mi-distance des deux pôles de la Métropole lémanique. Une accessibilité et une proximité qui garantissent, par ailleurs, à la pléthore de centres commerciaux - concentrés à Littoral Parc, entre Saint-Prex, Etoy et Allaman - un bassin de clientèle non-négligeable.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 8296


<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>