Le choc de la nouvelle passé, Olivier Luthi s'attaque aux multiples formalités à remplir.
" Avant de dire quoi que ce soit sur l'incendie qui a ravagé une partie de mon parc d'hivernage, je tiens à ce que vous mettiez un mot de remerciement pour la cinquantaine de pompiers qui est intervenue chez moi dans la nuit de vendredi ", annonce Olivier Luthi, le patron du Chantier naval Luthi et fils à Crans ("La Côte" du 17 mars). Entre deux bouchées de pizza avalées à la hâte, l'homme contemple le désastre. Une dizaine de bateaux, ou ce qu'il en reste, gisent au sol. L'odeur est âcre, un mélange de fumée et de plastique brûlé. De l'autre côté du hangar, ses employés travaillent. Par chance, les hommes du feu ont réussi à maintenir le foyer loin du hangar. Celui-ci abritait entre autre de nombreux produits inflammables et 700 litres de benzine.
Olivier Luthi a eu la visite de la gendarmerie avec les chiens spécialisés dans la recherche de produits activateurs l'après-midi du sinistre. Et lundi, c'était au tour des experts de l'Etablissement cantonal d'assurance de passer. Entre les coups de fil aux clients pour leur annoncer la triste nouvelle, les réponses aux nombreuses questions d'amis et voisins venus constater l'ampleur des dégâts et la paperasse à remplir, le constructeur naval n'a pas une minute à lui. " Je n'ai pas d'ennemi, même si parfois mon franc- parler irrite. Je n'ai pas de procédure en cours non plus. Je ne m'explique pas comment cet incendie a pu démarrer. Nous allons probablement déposer plainte contre X ", souffle le navigateur.
Hier, aucun bilan chiffré n'était encore connu. Mais il y a une dizaine de bateaux d'une valeur qui s'étend de 200 à 500 000 francs, qui sont partis en fumée. D'autres, à proximité du sinistre, semblent intacts, mais il n'en est rien. Ils ont souffert de l'intense chaleur et sont déformés ou cloqués. Leur restauration est quasiment impossible. Sans oublier les moules qui ont été détruits et qui ne seront pas recréés. " Refaire tous ces moules sur la base des plans originaux est un travail de titan ", relève le concepteur des Luthi. Le navigateur sait qu'un canot à moteur s'est fait voler à Versoix ainsi qu'une trentaine de moteurs à Neuchâtel. Il se demande si des voleurs ne seraient pas passés chez lui et auraient imprudemment mis le feu?
Quoi qu'il en soit, la valeur sentimentale de ces biens partis en fumée n'a pas de prix. DS