Béatrice Métraux présente ses mesures destinées à favoriser la construction d'appartements à loyer abordable.
Pour lutter contre la crise du logement, le canton de Vaud veut favoriser la construction d'appartements à loyer abordable. Il met en consultation des modifications de loi qui misent sur des mesures incitatives, en guise de contre-projet à l'initiative de l'Asloca. "Avec cette notion de loyer abordable, nous sommes avant-gardistes" , a déclaré hier la conseillère d'Etat Béatrice Métraux. Il n'y a pas de subventions, mais les prix sont plafonnés pour les locataires, tout en offrant "un rendement raisonnable" aux investisseurs.
Selon une fourchette très large, le "loyer abordable" d'un appartement de 100 m 2 irait de 2000 francs à 2500 francs par mois, hors charges, a expliqué Samuel Royer, chef de la Division du logement.
Pas assez de chantiers
Le Conseil d'Etat souhaite que le taux de logements vacants, qui est aujourd'hui à 0,4%-0,6%, passe à 1,5%. Entre 5000 et 6000 logements nouveaux doivent être construits par an dont une majorité à loyers abordables. On en a recensé 4200 en 2013. Pour la classe moyenne, le loyer demandé devrait être inférieur au quart du salaire. Le Conseil d'Etat tient à inclure tous les partenaires utiles à sa démarche, y compris les investisseurs privés, contrairement à ce que prône l'initiative de l'Asloca "Stop à la pénurie de logement", a insisté Béatrice Métraux.
Le gouvernement a cependant adouci sa politique en n'évoquant plus le droit d'emption qui consiste à forcer la vente d'un terrain constructible non exploité, même contre la volonté du propriétaire.
Cette fois, le problème de la thésaurisation des terrains est abordé par un droit d'emption conventionnel. C'est devenu une possibilité offerte aux communes et aux propriétaires lors d'une procédure d'affectation. L'Etat souhaite également inciter les propriétaires et investisseurs privés à construire du logement d'utilité publique (LUP). Les communes pourraient introduire des quotas de LUP dans les plans de quartier.
Offrir une compensation
Les privés qui s'investissent dans le LUP seraient alors récompensés par un avantage qui permettrait de compenser une perte de rentabilité par rapport à un objet du marché libre. "On leur donne un bonus de surface de plancher brut habitable, une possibilité de construire ailleurs en plus" , a expliqué Béatrice Métraux.
L'Etat pourrait mettre également en oeuvre des moyens financiers. Deux fonds, l'un de 80 millions de francs, l'autre de 50 millions, sont à disposition. Les caisses de pensions sont aussi intéressées par ce type d'initiatives.
Le projet de révision de la loi sur l'aménagement du territoire et des constructions et de la loi sur le logement "n'est pas une demi-mesure, ce n'est pas de la poudre aux yeux", a souligné la cheffe du Département des institutions et de la sécurité. Une votation sur l'initiative et le contre-projet est envisageable cet automne. ATS