Désireux d'envoyer un "signal fort" aux jeunes qui consomment de fortes doses d'alcool, le Grand Conseil vaudois demande que le financement du futur centre de dégrisement soit assumé par les usagers.
Le Grand Conseil vaudois a donné "un signal fort" mardi pour responsabiliser les jeunes qui s'alcoolisent de façon aiguë. Il a accepté une résolution demandant que le financement du futur centre de dégrisement soit principalement à la charge de l'usager.
Il s'agit d'un voeu transmis au Conseil d'Etat, a relevé l'auteur de la résolution, le député vert'libéral Jacques-André Haury. Ce texte ne concerne pas les malades chroniques ou dans une situation de dépendance, mais les jeunes qui prennent une biture, a-t-il souligné.
Responsabilisation
Il faut responsabiliser les biturés, qu'ils réfléchissent, a estimé le PLR Jean-Marie Surer. Un petit vieux qui va en EMS doit payer son ambulance, a ajouté son collègue Philippe Vuillemin. C'est une question d'équité. A partir du moment où tout risque vital est écarté, ce type de prestations doit être facturé à ceux qui en bénéficient.
Si l'on fixe d'entrée de cause l'entièreté des frais à leur charge, les jeunes n'appelleront plus l'ambulance, a craint le socialiste Jean Tschopp. "On manque notre cible, cela ne va pas empêcher des bitures", a ajouté Vassilis Venizelos (Verts). Le texte est trop imprécis, a pour sa part noté Jean-Michel Dolivo (La Gauche).
Faire payer ce qui est possible
S'il s'agit de demander au Centre universitaire hospitalier vaudois (CHUV) de ne pas facturer à l'assurance maladie les hospitalisations des quelque 500 personnes qui y sont soignées chaque année pour alcoolisations excessives, la proposition est "déraisonnable". Il faut être conscient qu'il s'agira d'une perte de 1,7 million, a relevé le conseiller d'Etat Pierre-Yves Maillard.
Mais si c'est trouver le moyen de faire payer ce qui est possible, comme l'hébergement ou le transport, cette proposition "renforce notre volonté", a ajouté le président du Conseil d'Etat. On pourrait par exemple faire payer le retour à la maison au prix fort et réveiller les parents, ce qui serait un outil de prévention adéquat.
Jacques-André Haury a confirmé que son texte allait tout à fait dans ce sens. Ces mesures complètent la proposition du chef de Département de l'économie Philippe Leuba, qui vise à interdire l'alcool à l'emporter dès 20 heures, a-t-il souligné. Au vote, sa résolution a recueilli 70 oui, contre 40 non et douze abstentions.
Projet-pilote
Afin de mieux prendre en charge les patients et de décharger les urgences, le canton a annoncé en décembre la mise en place d'un projet-pilote d'une durée de six mois. Deux nouvelles structures seront créées dans le service d'alcoologie.
Doté de cinq lits, le centre de dégrisement sera situé près des urgences du CHUV. Le centre de sevrage, comprenant également cinq lits, verra le jour à Cery. Le nouveau dispositif complétera le centre de réhabilitation qui compte douze lits.